Qu’est-ce que l’Ivermectine et à quoi sert-elle ?
L’ivermectine est un médicament antiparasitaire connu pour son efficacité contre plusieurs maladies de la peau et infections parasitaires. Utilisée depuis des décennies dans le monde entier, elle fait partie des traitements de référence en France et en Belgique, notamment pour la gale, les poux ou encore certaines formes de rosacée.
Comment agit-elle ?
L’ivermectine agit en paralysant les parasites responsables des maladies. Elle bloque leur système nerveux, ce qui entraîne leur mort progressive. Cette action ciblée permet de réduire rapidement les symptômes tout en limitant les effets secondaires pour l’humain.
Sous quelles formes existe-t-elle ?
- Comprimés : utilisés pour traiter les infections internes ou généralisées (ivermectine posologie adulte)
- Crème ou pommade (crème ivermectine, ivermectine pommade) : utilisée localement sur la peau, notamment en cas de rosacée ou de gale légère
Est-elle délivrée sur ordonnance ?
Dans la majorité des cas, une ivermectine ordonnance est nécessaire , mais certaines personnes cherchent à se la procurer sans consultation médicale (ivermectine sans ordonnance), ce qui peut comporter des risques.
Dans les sections suivantes, nous allons voir précisément quelles maladies sont traitées par l’ivermectine, comment l’utiliser et où l’acheter en toute sécurité.
La gale : quand les démangeaisons deviennent sérieuses
La gale est une infection cutanée causée par un minuscule parasite, Sarcoptes scabiei, qui creuse des galeries dans l’épiderme. Elle provoque de fortes démangeaisons, souvent plus intenses la nuit, ainsi que des éruptions rouges entre les doigts, sur les poignets, les coudes ou les zones intimes.
Il s’agit d’une maladie hautement contagieuse, qui se transmet par contact direct prolongé ou par des textiles contaminés (linge, literie, vêtements).
L’ivermectine : traitement systémique recommandé
Lorsque la gale est étendue, récidivante ou touche plusieurs membres d’un même foyer, les médecins recommandent souvent un traitement oral à base d’ivermectine (ivermectine gale). Il est particulièrement utile :
- En cas de gale difficile d’accès (dos, cuir chevelu)
- Chez les personnes ne supportant pas les crèmes
- En complément d’un traitement local dans les formes sévères
Posologie recommandée
La dose standard pour un adulte est de 200 µg/kg en une prise unique, généralement répétée au 7e jour. Cette reprise à J7 est essentielle pour cibler les œufs et les larves qui auraient éclos entre-temps.
Ivermectine gale : exemple – une personne de 60 kg prendra environ 12 mg (2 comprimés de 6 mg). La posologie exacte doit toujours être confirmée par un professionnel de santé.
Combien de temps pour observer un soulagement ?
Contrairement à une idée reçue, le prurit post-gale peut persister jusqu’à deux semaines, voire plus. Il ne s’agit pas d’un échec du traitement, mais d’une réaction inflammatoire de la peau. Le soulagement est progressif, et les lésions s’atténuent avec le temps.
Crème ou comprimés : que choisir ?
Dans certains cas, l’ivermectine crème ( ivermectine pommade) peut être utilisée en parallèle, notamment pour apaiser les démangeaisons résiduelles ou traiter les zones localisées.
Les comprimés restent néanmoins le traitement de première intention pour les formes modérées à sévères.
Les poux : rapide, simple, efficace
Les poux de tête (ou pédiculose) sont fréquents, surtout chez les enfants en milieu scolaire. Ils provoquent des démangeaisons du cuir chevelu, souvent derrière les oreilles ou à la nuque, et se transmettent rapidement par contact rapproché.
Quand l’ivermectine devient utile
Quand les traitements classiques (shampooings, lotions à base de perméthrine ou de diméticone) échouent, ou en cas de récidives fréquentes, ivermectine poux constitue une alternative efficace .
Elle agit en paralysant les poux et leurs larves, réduisant fortement le risque de réinfestation.
Posologie recommandée : deux prises sont nécessaires
La dose standard est de 200 µg/kg en prise orale unique, suivie impérativement d’une seconde prise entre le 7e et le 10e jour (J7–J10), afin de tuer les poux issus des lentes qui auraient éclos après la première prise.
La prise à J7 est la plus recommandée par les protocoles, car elle correspond au cycle de développement des lentes.
Quand peut-on espérer des résultats ?
Ivermectine commence à agir rapidement, et les premiers effets sont souvent visibles en 24 à 48 heures. Toutefois, il est crucial de désinfecter les objets personnels, literie, brosses et vêtements pour éviter toute recontamination.
Et chez l’enfant ?
L’ivermectine orale est généralement réservée aux enfants de plus de 15 kg, sous avis médical. Elle est bien tolérée, mais ne doit pas être utilisée en automédication chez les plus jeunes.
Rosacée : quand la peau dit stop à l’inflammation
La rosacée est une maladie inflammatoire chronique de la peau, qui touche principalement le visage. Elle provoque des rougeurs persistantes, des petits boutons, une sensibilité accrue, voire des sensations de brûlure. Elle est fréquente chez les adultes à la peau claire, et peut sérieusement affecter la qualité de vie.
L’ivermectine : une solution locale efficace
Depuis quelques années, les dermatologues prescrivent de plus en plus de l’ivermectine en crème pour traiter la rosacée inflammatoire . Ce traitement local permet de :
- Réduire les rougeurs et inflammations
- Diminuer les pustules et papules (petits boutons)
- Apaiser la réactivité de la peau
Contrairement aux antibiotiques, l’ivermectine n’entraîne pas de résistance bactérienne et peut être utilisée sur le long terme.
Comment l’utiliser ?
La crème d’ivermectine s’applique :
- Une fois par jour, sur peau propre et sèche
- De façon régulière, pendant plusieurs semaines
- En fine couche sur les zones concernées (nez, joues, front, menton)
L’amélioration est généralement visible au bout de 2 à 4 semaines, mais le traitement peut durer jusqu’à 3 mois selon la gravité.
Prix et accès au traitement
Le ivermectine crème prix varie selon les pharmacies, mais en France et en Belgique, il est possible de l’obtenir sur prescription médicale . Dans certains cas, elle peut être partiellement remboursée.
Autres indications de l’ivermectine
L’ivermectine ne se limite pas au traitement de la gale, des poux ou de la rosacée. Elle est aussi utilisée pour traiter plusieurs parasitoses internes ou affections dermatologiques spécifiques, notamment chez les voyageurs ou les populations à risque.
Infections parasitaires internes
Par voie orale, l’ivermectine est indiquée dans le traitement de plusieurs parasitoses :
- Strongyloïdose (Strongyloides stercoralis) – rare mais grave si non traitée
- Ascaridiose, trichocéphalose, oxyurose – plus fréquentes dans les zones tropicales
- Onchocercose (onchocerca volvulus) – maladie tropicale responsable de cécité
En cas d’onchocercose ou d’infection massive, une réaction inflammatoire aiguë peut survenir après l’administration d’ivermectine, appelée réaction de Mazzotti. Elle se manifeste par de la fièvre, des douleurs, une hypotension ou des éruptions cutanées, et nécessite un suivi médical étroit. Cette réaction est rare, surtout en dehors des zones tropicales.
Démodécidose et dermatites parasitaires
L’ivermectine est parfois prescrite pour traiter :
- La démodécidose (prolifération anormale de Demodex sur le visage)
- Des dermatites à composante parasitaire, ou d’origine inconnue mais répondant aux antiparasitaires
Bien que ces indications soient hors AMM (autorisation de mise sur le marché), elles sont parfois utilisées en dermatologie spécialisée.
Interactions médicamenteuses : à ne pas négliger
L’ivermectine est un substrat du CYP3A4 et de la P-glycoprotéine (P-gp). Elle peut interagir avec :
- Les inhibiteurs puissants du CYP3A4 : kétoconazole, ritonavir, clarithromycine
- Certains médicaments qui modifient l’activité de la P-gp
Ces interactions peuvent augmenter le taux d’ivermectine dans le sang, d’où la nécessité de prudence et de consultation médicale préalable, surtout en cas de traitements concomitants.
Comment bien utiliser l’ivermectine : posologie et conseils pratiques
L’ivermectine est un médicament efficace à condition d’être utilisée correctement. La posologie, le mode d’administration et la durée du traitement varient selon la maladie traitée. Ce chapitre détaille les formes disponibles, les schémas thérapeutiques recommandés, ainsi que les précautions d’usage.
Formes disponibles
On retrouve l’ivermectine sous deux formes principales pour un usage chez l’humain :
- Comprimés oraux : utilisés pour la gale, les poux et les parasitoses internes comme la strongyloïdose ou l’onchocercose.
- Crème ou pommade : indiquée dans le traitement local de la rosacée et de certaines lésions cutanées.
Tableau récapitulatif : posologie selon l’indication
Indication | Forme | Posologie adulte | Fréquence / durée |
---|---|---|---|
Gale classique | Comprimé oral | 200 µg/kg | Jour 1 + reprise à Jour 7 |
Gale croûteuse (sévère) | Comprimé oral | 200 µg/kg | Jour 1 + Jour 7 + Jour 14 |
Poux (pédiculose) | Comprimé oral | 200 µg/kg | Jour 0 + Jour 7 (Jour 10 uniquement en cas d’échec présumé) |
Rosacée | Crème topique | Application locale | 1 fois par jour pendant 8 à 16 semaines |
Strongyloïdose | Comprimé oral | 200 µg/kg | 1 prise unique (reprise à Jour 14 si immunodépression) |
Onchocercose (rare) | Comprimé oral | 150 µg/kg | 1 prise tous les 6 à 12 mois |
La posologie est toujours calculée selon le poids corporel et doit être adaptée par un professionnel de santé. Par exemple, une personne de 70 kg recevra une dose de 14 mg, soit deux comprimés de 6 mg et un de 3 mg.
Mode d’administration des comprimés
Contrairement à une idée répandue, l’ivermectine ne doit pas être prise à jeun. Elle doit être administrée au cours d’un repas, de préférence riche en graisses, ce qui permet d’augmenter considérablement son absorption digestive et donc son efficacité.
Recommandations pratiques :
- Avaler les comprimés entiers avec un grand verre d’eau.
- Ne pas croquer ni écraser les comprimés.
- Éviter la prise simultanée de laxatifs, pansements digestifs ou autres produits susceptibles de modifier l’absorption.
Interactions médicamenteuses
L’ivermectine est métabolisée par le cytochrome CYP3A4 et transportée par la P-glycoprotéine. Cela signifie que certains médicaments peuvent augmenter sa concentration sanguine et accroître le risque d’effets indésirables.
Il est recommandé de faire preuve de prudence en cas d’association avec des inhibiteurs puissants du CYP3A4 ou de la P-gp, tels que :
- Kétoconazole
- Ritonavir
- Clarithromycine
Une évaluation médicale est indispensable en cas de traitement concomitant ou de polymédication.
Application de la crème dans le traitement de la rosacée
La crème à base d’ivermectine est indiquée dans la rosacée inflammatoire, en traitement local. Elle s’utilise comme suit :
- Une fois par jour, de préférence le soir, sur une peau propre et sèche.
- Appliquer en couche fine sans frotter excessivement.
- Éviter tout contact avec les yeux, les narines et la bouche.
Les premiers signes d’amélioration sont généralement visibles autour de la quatrième semaine. Le traitement peut se poursuivre jusqu’à 4 mois. La décision de prolonger ou d’interrompre le traitement doit être prise par un dermatologue.
Automédication et achats en ligne : attention aux risques
De nombreuses personnes cherchent à acheter de l’ivermectine sans ordonnance, notamment sur internet. Cette pratique comporte des dangers importants.
- Les formes vétérinaires ne sont pas adaptées à l’usage humain : elles contiennent des excipients non testés chez l’homme et peuvent être dangereusement dosées.
- Le risque d’achat de produits contrefaits ou de mauvaise qualité est élevé sur les plateformes non sécurisées.
- Une automédication mal conduite peut entraîner une intoxication, des échecs thérapeutiques ou masquer un diagnostic plus grave.
Il est fortement recommandé de se procurer l’ivermectine en pharmacie, sur présentation d’une ordonnance délivrée par un médecin. En France et en Belgique, seul un professionnel de santé peut garantir un traitement adapté, sûr et efficace.
Contre-indications et effets indésirables
L’ivermectine est en général bien tolérée lorsqu’elle est prescrite dans les règles. Mais comme tout médicament actif, elle présente des limites d’usage, des précautions à respecter, et des situations cliniques où une évaluation rigoureuse s’impose.
Chez la femme enceinte, l’ivermectine est officiellement déconseillée au premier trimestre, en raison d’un manque de données sur la sécurité embryonnaire. Toutefois, dans certaines circonstances graves – comme une gale hyperkératosique ou une strongyloïdose disséminée -, son utilisation peut être envisagée au deuxième ou troisième trimestre, mais uniquement après avis spécialisé, idéalement en lien avec un centre de tératovigilance.
Concernant l’allaitement, les recommandations actuelles, notamment celles de l’OMS, indiquent que le passage de l’ivermectine dans le lait maternel est extrêmement faible. Une dose unique ne justifie pas l’interruption systématique de l’allaitement, même si une décision individuelle doit être prise selon le contexte clinique.
En cas d’insuffisance hépatique, l’ivermectine n’est pas formellement contre-indiquée. Toutefois, une attention particulière est requise chez les patients classés Child-Pugh C : une adaptation de la dose peut être nécessaire, ainsi qu’un suivi biologique des enzymes hépatiques (ALAT, ASAT) pendant les semaines suivant l’administration, surtout si plus d’une prise est prévue.
L’âge pédiatrique impose également des limites. L’ivermectine est généralement réservée aux enfants pesant plus de 15 kg, mais dans certains cas urgents (par exemple, gale croûteuse chez un nourrisson fragilisé), un usage « off-label » peut être envisagé dès 12 kg, sous surveillance stricte et selon les protocoles spécialisés.
Des précautions particulières s’imposent aussi en cas d’associations médicamenteuses. L’ivermectine étant substrat du CYP3A4 et de la P-glycoprotéine, son métabolisme et sa distribution peuvent être perturbés par certains traitements. L’usage concomitant de ritonavir, kétoconazole, clarithromycine ou même du warfarin peut entraîner soit une augmentation de la neurotoxicité, soit des modifications de l’INR chez les patients anticoagulés. L’association avec des sédatifs (barbituriques, benzodiazépines, alcool) peut renforcer l’effet dépresseur sur le système nerveux central, avec un risque accru de somnolence, confusion, voire troubles de la conscience.
Dans le traitement de certaines parasitoses graves, en particulier l’onchocercose, on observe parfois une réaction de Mazzotti : poussée fébrile, rash, arthralgies, hypotension, liés à la destruction massive des microfilaires. Chez les patients co-infectés par Loa loa, cette réaction peut évoluer vers une encéphalopathie sévère, voire fatale. C’est pourquoi un dépistage parasitologique préalable est indispensable dans les zones endémiques avant de débuter le traitement.
En dehors de ces cas particuliers, les effets secondaires habituels de l’ivermectine restent modérés. On observe parfois des troubles digestifs bénins (nausées, douleurs abdominales), des maux de tête, une sensation de fatigue ou, dans le cas d’une utilisation topique, une sécheresse cutanée ou une irritation passagère. Ces effets sont généralement transitoires.
Un point d’alerte important concerne les intoxications liées aux formes vétérinaires. Certains produits utilisés chez les chevaux ou bovins contiennent des concentrations très élevées, jusqu’à 10 ou 20 mg/ml, soit 20 à 40 fois la dose humaine standard. L’ingestion accidentelle ou délibérée de ces formulations expose à un risque vital immédiat : troubles neurologiques sévères, détresse respiratoire, voire coma.
Enfin, lorsque plusieurs doses sont nécessaires (par exemple, gale croûteuse ou strongyloïdose chez l’immunodéprimé), un suivi biologique est recommandé après 2 à 4 semaines, incluant ALAT, ASAT et créatinine, afin de détecter précocement tout effet hépatique ou rénal.
Conclusion : pourquoi l’ivermectine doit rester un traitement encadré
L’ivermectine est un médicament à la fois puissant, polyvalent et précieux. Son efficacité est bien démontrée dans plusieurs indications : gale, pédiculose, rosacée inflammatoire, ainsi que certaines parasitoses internes graves. Mais cette efficacité repose sur un principe fondamental : une utilisation médicale encadrée, adaptée à chaque situation individuelle.
Le recours à l’ivermectine ne doit jamais se faire à la légère. Automédication, posologies improvisées, achats en ligne ou utilisation de formulations vétérinaires représentent autant de dérives dangereuses, parfois irréversibles. Même si le médicament est bien toléré dans la majorité des cas, des effets secondaires graves – notamment neurologiques ou hépatiques – peuvent survenir en cas d’usage inapproprié, de pathologie sous-jacente ou d’interaction médicamenteuse non identifiée.
Dans les contextes les plus simples comme dans les situations complexes, une seule règle prévaut : l’évaluation médicale préalable. Seul un professionnel de santé est en mesure de déterminer si l’ivermectine est le bon choix, au bon moment, dans la bonne forme et à la bonne dose.
Respecter ce cadre, c’est non seulement garantir l’efficacité du traitement, mais aussi protéger le patient contre des risques inutiles. Et c’est aussi, à l’échelle collective, éviter que des usages erronés ou excessifs ne compromettent la disponibilité de ce traitement dans les indications où il est vital.
Références
- conseils FAMHP
- CDC – Traitement de la gale (scabiose)
- PubMed – Étude sur l’efficacité de l’ivermectine orale contre les poux
- Mayo Clinic – Utilisation topique de l’ivermectine (crème 1 %)
- LactMed (NIH) – Sécurité de l’ivermectine pendant l’allaitement
- IUSTI – Recommandations européennes pour le traitement de la gale (PDF)
- Programme Mectizan Donation (OMS / Merck)