Otite moyenne : symptômes, diagnostic et traitement

Qu’est-ce que l’otite moyenne ?

L’otite moyenne est une inflammation de l’oreille moyenne, l’espace situé derrière le tympan. Cette affection est particulièrement fréquente chez les jeunes enfants, mais peut également toucher les adultes. Elle peut être d’origine virale ou bactérienne et se présente sous différentes formes : otite moyenne aiguë, otite séreuse (ou otite moyenne avec épanchement) et otite moyenne chronique.

Selon les données épidémiologiques de 2024, près de 80 % des enfants expérimenteront au moins un épisode d’otite moyenne avant l’âge de trois ans, et environ 30 % connaîtront des récidives.

Symptômes de l’otite moyenne

Les manifestations cliniques varient selon le type d’otite, mais plusieurs symptômes sont communs :

  • Douleur auriculaire (otalgie), souvent intense et soudaine
  • Fièvre modérée à élevée
  • Sensation d’oreille bouchée ou de pression
  • Diminution temporaire de l’audition
  • Irritabilité, troubles du sommeil chez l’enfant
  • Écoulement auriculaire (otorrhée) en cas de perforation tympanique

Dans l’otite séreuse, les symptômes peuvent être plus discrets et se limiter à une hypoacousie légère, sans douleur ni fièvre.

Diagnostic de l’otite moyenne

Examen otoscopique

L’outil principal est l’otoscope, classique ou vidéo-otoscope, permettant d’observer l’aspect du tympan. Les signes recherchés sont :

  • Une rougeur ou une opacité du tympan
  • Un bombement tympanique, signe de pression dans l’oreille moyenne
  • Une diminution ou absence de mobilité tympanique, évaluée avec une insufflation douce (pneumootoscopie)
  • La présence d’un niveau liquidien ou de bulles d’air derrière le tympan

Depuis 2023, l’utilisation croissante des vidéo-otoscopes en médecine de premier recours a permis d’améliorer la documentation visuelle des cas, facilitant le suivi clinique et la pédagogie auprès des patients et des parents.

Tympanométrie

La tympanométrie est recommandée en cas de doute diagnostique, en particulier chez les jeunes enfants ou en cas d’otites séreuses suspectées. Cet examen mesure la compliance du tympan en fonction de la pression exercée dans le conduit auditif externe.

Un tympan plat (courbe de type B) est évocateur d’un épanchement dans l’oreille moyenne.

Audiométrie

Dans les otites moyennes séreuses ou chroniques, une audiométrie tonale peut être proposée pour évaluer une éventuelle perte auditive de transmission. Une baisse de l’audition supérieure à 20 dB sur plusieurs fréquences justifie une surveillance étroite, voire une intervention thérapeutique.

Tests biologiques

La réalisation d’examens biologiques (CRP, hémogramme) n’est pas systématique en première intention. Elle peut être envisagée en cas de doute sur une complication bactérienne systémique ou chez les patients immunodéprimés.

Imagerie médicale

La radiographie standard n’est plus recommandée pour le diagnostic d’otite moyenne simple. Toutefois, l’imagerie par tomodensitométrie (CT-scan) ou par imagerie par résonance magnétique (IRM) peut être indiquée en cas de suspicion de complications (mastoïdite, abcès cérébral, thrombose du sinus latéral).

Critères cliniques actualisés (2024-2025)

Selon les recommandations récentes de l’American Academy of Pediatrics et de la Haute Autorité de Santé française, le diagnostic d’otite moyenne aiguë repose sur trois critères principaux :

  • Un début récent des symptômes (moins de 48 heures)
  • La preuve de l’épanchement de l’oreille moyenne (bombement tympanique modéré ou sévère, niveau liquide visible, ou otorrhée récente sans otite externe)
  • La présence de signes inflammatoires de l’oreille moyenne (érythème tympanique, douleur otalgique marquée)

L’association de ces critères améliore la précision diagnostique et permet de réduire les prescriptions inutiles d’antibiotiques.

Traitement de l’otite moyenne

Le traitement varie en fonction du type d’otite et de la sévérité des symptômes.

Otite moyenne aiguë

Le traitement symptomatique est la première étape : antalgiques (paracétamol, ibuprofène) et parfois décongestionnants nasaux. En cas de symptômes modérés, une stratégie de surveillance de 48 heures avant initiation des antibiotiques est souvent recommandée.

Lorsque l’antibiothérapie est nécessaire, l’amoxicilline reste l’antibiotique de première intention, à raison de 80–90 mg/kg/j chez l’enfant et de 1,5–2 g/j chez l’adulte.

Otite moyenne séreuse

Elle est généralement traitée par une surveillance clinique sans antibiotique, avec évaluation de l’audition. Si l’épanchement persiste au-delà de trois mois ou entraîne une perte auditive significative, la pose d’aérateurs transtympaniques (yoyos) est indiquée.

Otite moyenne chronique

Le traitement repose sur des nettoyages auriculaires réguliers, une antibiothérapie locale, et, en cas de perforation durable du tympan, une intervention chirurgicale (tympanoplastie).

Les recommandations de 2025 mettent également en avant l’importance de limiter l’antibiothérapie aux cas clairement indiqués afin de réduire les risques d’antibiorésistance.

Complications potentielles

Bien que rares avec une prise en charge adaptée, des complications peuvent survenir :

  • Perforation tympanique persistante
  • Surdité de transmission
  • Mastoïdite
  • Complications intracrâniennes (abcès cérébral, méningite)

< La disponibilité accrue de l’IRM de diffusion en 2024 a permis d'améliorer le diagnostic précoce des complications intracrâniennes graves.

Prévention

La prévention de l’otite moyenne repose sur une approche globale. La vaccination, en particulier avec les vaccins antipneumococciques (PCV20) et contre Haemophilus influenzae de type b, a permis de réduire significativement l’incidence des otites bactériennes.

Il est également important de limiter l’exposition des enfants au tabagisme passif, qui augmente le risque d’infections ORL. L’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de vie offre une protection supplémentaire contre les infections respiratoires.

Une bonne hygiène nasale, notamment lors d’infections virales, contribue à réduire les risques d’extension vers l’oreille moyenne. Enfin, des recherches récentes évaluent l’intérêt des probiotiques administrés par voie nasale pour prévenir les récidives, bien que ces approches soient encore en cours d’étude en 2025.

À retenir

L’otite moyenne est une infection fréquente, généralement bénigne mais parfois source de complications. Un diagnostic précis, une prise en charge adaptée et une stratégie raisonnée d’antibiothérapie permettent d’optimiser le pronostic et de limiter les séquelles auditives.

La prévention, notamment par la vaccination et la limitation des facteurs de risque, reste un axe majeur pour réduire l’incidence des otites, particulièrement chez les jeunes enfants.