Comparaison des types de médicaments pour perdre du poids

Introduction : pourquoi envisager un traitement médical pour maigrir ?

La perte de poids est un objectif courant pour des millions de personnes confrontées à un excès pondéral ou à l’obésité. Si les approches classiques – comme le rééquilibrage alimentaire et l’activité physique – restent fondamentales, elles ne suffisent pas toujours à obtenir des résultats durables, notamment en cas d’obésité sévère ou de troubles métaboliques associés.

Dans ces situations, des traitements médicamenteux encadrés médicalement peuvent être envisagés pour soutenir la perte de poids.Ces traitements ne sont pas des « solutions miracles » : ils s’inscrivent dans une stratégie globale, à long terme, associant hygiène de vie, suivi professionnel et objectifs réalistes. Ils ne doivent jamais remplacer les bonnes habitudes, mais les compléter lorsque celles-ci ne suffisent plus.

L’objectif de cet article est de présenter et comparer les principales familles de médicaments disponibles pour favoriser la perte de poids : leur mécanisme d’action, leur efficacité moyenne, leurs effets indésirables et les indications cliniques. Nous aborderons aussi des traitements bien établis comme Xenical (orlistat) et ses génériques, ainsi que des options plus récentes telles que les agonistes du GLP-1 (Ozempic, Wegovy) ou les molécules combinées (tirzépatide).

Cette comparaison permettra de mieux comprendre quelle option peut convenir à quel profil, et dans quelles conditions ces traitements peuvent représenter une aide efficace et sécurisée à la perte de poids.

Les grandes classes de médicaments pour perdre du poids

Les médicaments destinés à favoriser la perte de poids se divisent en plusieurs familles thérapeutiques, classées selon leur mécanisme d’action. Chacune agit à un niveau différent du métabolisme : digestion, régulation de l’appétit, fonctionnement cérébral ou sécrétion hormonale. Leur efficacité et leur tolérance varient d’un patient à l’autre.

Voici les principales catégories actuellement disponibles :

Classe thérapeutique Exemples de médicaments Mécanisme d’action principal
Inhibiteurs de lipase Xenical, Orsoten, Alli Blocage partiel de l’absorption des graisses dans l’intestin
Agonistes des récepteurs GLP-1 Ozempic, Wegovy, Saxenda Ralentissement de la vidange gastrique, diminution de l’appétit
Inhibiteurs combinés GIP/GLP-1 Tirzépatide Double action : réduction de la faim + amélioration du métabolisme
Médicaments à action centrale Mysimba (bupropion + naltrexone) Modulation des neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline)
Compléments ou extraits naturels Thé vert, fibres, chrome (adjuvants) Effets souvent légers ou non démontrés cliniquement

Points communs et différences

  • Mode d’administration : certains sont oraux (Xenical, Mysimba), d’autres injectables (GLP-1, tirzépatide).
  • Niveau d’efficacité : variable selon le mécanisme, le dosage, la durée de traitement et le profil du patient.
  • Encadrement médical indispensable : tous ces traitements nécessitent une évaluation préalable, des suivis réguliers et un accompagnement nutritionnel.

Les sections suivantes détailleront chacune de ces classes, en commençant par Xenical et ses équivalents, les plus anciens et les plus accessibles sur le marché.

Les traitements les plus utilisés aujourd’hui : du GLP-1 aux nouvelles combinaisons

GLP-1 : une avancée thérapeutique majeure

Parmi les traitements médicaux actuels contre l’obésité, les agonistes hormonaux du GLP-1 et leurs combinaisons ont démontré les meilleurs résultats à ce jour.

Des médicaments comme Liraglutide (Saxenda) et surtout Sémaglutide (Wegovy, Ozempic) imitent une hormone intestinale naturelle (GLP-1) qui joue un rôle clé dans la satiété et la régulation de la glycémie.

  • ralentit la vidange gastrique → effet coupe-faim prolongé,
  • augmente la sensation de satiété après les repas,
  • diminue la prise alimentaire spontanée,
  • améliore la glycémie chez les patients diabétiques.

Les essais STEP (2021–2023) ont montré une perte de poids moyenne de 15 % chez les personnes traitées par Wegovy pendant 68 semaines, dans le cadre d’un suivi structuré.

Effets secondaires fréquents mais généralement transitoires : nausées, vomissements, constipation. Chez certains patients à risque, on surveille aussi une possible aggravation transitoire de la rétinopathie diabétique (en cas de baisse rapide de l’HbA1c) ou un risque accru de lithiase biliaire.

Les formes injectables (Ozempic, Wegovy, Saxenda) sont les seules autorisées pour le traitement de l’obésité. La forme orale du sémaglutide,
Rybelsus, est autorisée uniquement dans le diabète de type 2, et son utilisation dans le cadre d’une perte de poids reste hors AMM (off-label) à ce jour.

Tirzépatide : la nouvelle génération

Tirzépatide (Mounjaro) combine les effets de deux incrétines : GLP-1 et GIP, ce qui renforce l’effet anorexigène et métabolique. Dans les études SURMOUNT, il a permis une perte de poids de 20 à 22 % en moyenne, parfois plus chez les patients obèses sévères.

À la date de juin 2025, le tirzépatide a reçu un avis favorable du CHMP (mai 2025) en vue d’une autorisation européenne complète, attendue au deuxième trimestre.

Ses effets indésirables sont comparables à ceux des agonistes GLP-1 : nausées, troubles digestifs, fatigue, parfois chute de l’appétit trop marquée.

Médicaments plus anciens : quelle place pour l’orlistat ?

Orlistat (Xenical, Orsoten) inhibe les lipases pancréatiques, ce qui limite l’absorption des graisses alimentaires (~30 % en moyenne). Il reste utilisé, surtout en médecine de premier recours, du fait de son faible coût et de sa forme orale.

Dans les programmes bien encadrés avec régime hypolipidique, la perte de poids atteint souvent 5 à 7 % en 12 mois.

Cependant, les effets secondaires digestifs sont fréquents (selles grasses, flatulences, urgences fécales), et l’efficacité reste inférieure à celle des nouveaux traitements hormonaux. Il peut convenir à certains patients refusant les injections ou contre-indiqués pour les agonistes du GLP-1.

Médicaments à action centrale : régulation du comportement alimentaire

Mécanisme d’action

Certains médicaments agissent directement sur le cerveau, en modulant les circuits impliqués dans la récompense, l’envie de manger et la régulation émotionnelle. C’est le cas de Mysimba (association de bupropion et naltrexone), autorisé dans plusieurs pays européens pour le traitement de l’obésité chez l’adulte.

  • Bupropion est un inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline. Il stimule l’activité du système de satiété hypothalamique.
  • Naltrexone bloque certains récepteurs opioïdes impliqués dans la sensation de plaisir alimentaire.

Ensemble, ces molécules agissent sur les comportements alimentaires compulsifs, les fringales, et les troubles du contrôle émotionnel associés à l’alimentation.

Efficacité

Les essais cliniques montrent une perte de poids moyenne de 5 à 9 % du poids corporel après 6 à 12 mois de traitement, lorsque le médicament est associé à un suivi nutritionnel et comportemental.

Mysimba est généralement prescrit :

  • chez les adultes avec IMC ≥ 30, ou ≥ 27 avec comorbidités (diabète, HTA, dyslipidémie),
  • en seconde intention, lorsque les mesures hygiéno-diététiques seules ne suffisent pas.

Précautions et effets secondaires

Ce traitement agit sur le système nerveux central, et impose donc une surveillance médicale étroite.

  • Effets indésirables possibles : insomnie, anxiété, maux de tête, nausées, bouche sèche.
  • Risques à surveiller : convulsions (à fortes doses), troubles de l’humeur, interactions médicamenteuses (notamment antidépresseurs, traitements du sevrage).

La prescription initiale est souvent réservée à des médecins expérimentés, parfois en milieu hospitalier, en raison de contre-indications strictes (épilepsie, antécédents psychiatriques non stabilisés, dépendance à l’alcool ou aux opioïdes).

Comparatif synthétique : efficacité, tolérance et profils adaptés

Pour mieux comprendre les différences entre les principaux traitements médicamenteux de l’obésité, voici un tableau comparatif fondé sur les données issues d’essais cliniques récents (STEP, SURMOUNT, etc.) et des recommandations 2024–2025 (ADA, EMA, HAS). Il inclut l’efficacité moyenne observée, la tolérance, la voie d’administration et les principales indications cliniques.

Classe / Médicament Perte de poids moyenne Tolérance Voie d’administration Profils cibles / Indications principales
GLP-1 (semaglutide : Wegovy) 10–15 % Bonne, nausées fréquentes Injection sous-cutanée Obésité sévère (IMC ≥ 30), diabète de type 2, patients à risque cardiovasculaire
Tirzépatide (Zepbound / Mounjaro) 15–22 % Bonne, tolérance proche GLP-1 Injection sous-cutanée Obésité massive (IMC ≥ 35), T2D, patients non répondeurs au GLP-1
Mysimba (bupropion + naltrexone) 5–9 % Variable, effets neuropsychiatriques Orale Surpoids émotionnel, obésité modérée, troubles de contrôle de l’alimentation
Orlistat (Xenical, Orsoten) 5–7 % Moyenne, effets digestifs fréquents Orale Patients refusant les injections ou contre-indiqués aux GLP-1
  • Les résultats dépendent fortement d’un accompagnement nutritionnel et comportemental structuré.
  • Les agonistes du GLP-1 et les combinaisons GIP/GLP-1 ont désormais une place centrale dans la stratégie de perte de poids chez l’adulte avec obésité, selon les dernières recommandations.
  • Orlistat reste utilisé dans certains contextes (coût, accessibilité, contre-indication aux traitements injectables), malgré une efficacité plus modeste.
  • Tirzépatide a été approuvé aux États-Unis par la FDA sous le nom Zepbound (2023). En Europe, il a reçu un avis favorable du CHMP en mai 2025, et l’autorisation de mise sur le marché par l’EMA est attendue courant 2025.

À qui s’adressent ces traitements ? Critères médicaux et individualisation

Critères d’éligibilité

Les traitements médicamenteux pour la perte de poids ne sont indiqués que dans des contextes médicaux bien définis. Ils ne doivent jamais être prescrits à la légère ou utilisés à des fins esthétiques. Leur efficacité dépend étroitement d’une sélection rigoureuse des patients et d’un accompagnement global sur le long terme.

Selon les recommandations actuelles (Haute Autorité de Santé, EMA, ADA) :

  • IMC ≥ 30 kg/m² (obésité) : traitement envisageable, même sans comorbidité.
  • IMC ≥ 27 kg/m² (surpoids) avec au moins une comorbidité associée au poids :
    • diabète de type 2,
    • hypertension artérielle,
    • apnée du sommeil,
    • stéatose hépatique,
    • hypercholestérolémie, etc.

Ces traitements ne se substituent ni au rééquilibrage alimentaire, ni à l’activité physique.Ils doivent être intégrés dans un programme structuré validé par une équipe de soins.

Approche personnalisée : un traitement ne convient pas à tous

Le choix du médicament dépend de plusieurs paramètres médicaux, psychologiques et pratiques. Voici quelques exemples :

Facteur clinique ou personnel Conséquences sur le choix du traitement
Diabète de type 2 GLP-1 ou tirzépatide souvent privilégiés (effets glycémiques)
Troubles psychiatriques Mysimba généralement déconseillé (risques neuropsychiatriques)
Problèmes digestifs Prudence avec GLP-1 ou orlistat (risques de nausées, selles grasses)
Refus des injections Mysimba ou orlistat peuvent être proposés en alternative orale
Contraintes économiques GLP-1 et tirzépatide non remboursés → orlistat parfois plus accessible

Une évaluation préalable complète est indispensable : poids, tour de taille, glycémie, fonction rénale et hépatique, habitudes de vie, antécédents médicaux et attentes du patient.

Un suivi médical régulier est ensuite nécessaire pour :

  • ajuster les doses,
  • surveiller les effets secondaires,
  • évaluer la réponse au traitement,
  • prévenir les rechutes après arrêt éventuel.

Remarque : Le remboursement de ces médicaments varie d’un pays à l’autre.En France, Saxenda et Wegovy ne sont pas remboursés à ce jour, tandis que l’orlistat (Xenical) peut être pris en charge dans certaines conditions spécifiques, notamment dans le cadre d’une affection de longue durée (ALD) ou via certaines mutuelles. Ce facteur doit être intégré dans la décision thérapeutique.

Conclusion : quelle stratégie pour quel patient ?

La prise en charge du surpoids ou de l’obésité chez l’adulte ne peut reposer sur une approche unique. Les médicaments peuvent offrir un soutien précieux, en particulier dans les situations où les méthodes classiques – régime, activité physique, accompagnement psychologique – ne suffisent pas à induire une perte de poids durable.

  • les traitements médicamenteux ne remplacent pas un mode de vie sain,
  • leur prescription doit être personnalisée, fondée sur une évaluation complète du patient,
  • leur efficacité dépend du suivi médical régulier, de la persévérance, et de l’engagement actif du patient.

Pour certains profils – notamment les personnes avec diabète de type 2, obésité sévère, ou syndrome métabolique – les agonistes du GLP-1 et les nouvelles molécules comme le tirzépatide représentent des options très prometteuses. D’autres, comme orlistat ou Mysimba, peuvent convenir à des patients préférant une voie orale, ou ayant des contre-indications aux traitements injectables.

En définitive, la meilleure stratégie est celle qui s’inscrit dans le temps, respecte la singularité du patient, et associe plusieurs leviers : nutrition, mouvement, soutien psychologique, et éventuellement traitement pharmacologique.

Sources scientifiques et médicales