Effets secondaires de Clomid : ce qu’il faut savoir
Certains traitements de fertilité, bien qu’efficaces, ne sont pas dénués d’effets indésirables.
C’est le cas du Clomid (Clomifène ), qui agit sur l’axe hormonal central pour stimuler l’ovulation chez la femme ou la production de testostérone chez l’homme.
Ce mode d’action, utile sur le plan thérapeutique, peut également générer des effets secondaires plus ou moins marqués.
Qu’il s’agisse de bouffées de chaleur, de troubles visuels, ou d’un dérèglement du cycle, il est essentiel que les patientes et patients soient informé·es des risques potentiels – même s’ils restent peu fréquents.En connaissant à l’avance les symptômes à surveiller, il devient plus facile de réagir à temps, d’adapter le traitement ou de solliciter un avis médical.
Ce guide fait le point sur :
- Les effets secondaires les plus fréquents et leurs mécanismes
- Les situations qui justifient l’arrêt immédiat du traitement
- Les différences de tolérance entre patientes selon leur profil hormonal
- Les ajustements possibles pour limiter les complications
Pour comprendre comment le traitement s’inscrit dans un protocole global de fertilité : consultez le
guide complet du Clomid.
Effets secondaires fréquents chez la femme
Le traitement par Clomid est globalement bien toléré, mais plusieurs effets secondaires peuvent apparaître dès les premiers cycles. Ils sont principalement dus à l’effet anti-œstrogène du Clomifène au niveau central (hypothalamus) et périphérique (muqueuses, ovaire).
Symptômes fréquents :
- Bouffées de chaleur : très fréquentes, souvent en fin de journée.
- Céphalées : maux de tête modérés, présents chez 15 à 20 % des utilisatrices.
- Troubles digestifs : nausées légères, ballonnements.
- Sécheresse vaginale et glaire cervicale altérée : l’effet anti-œstrogène peut réduire la qualité de la glaire, rendant la fécondation plus difficile.
- Tension mammaire : comparable à celle des syndromes prémenstruels.
Amincissement de l’endomètre
Le Clomid peut également induire un amincissement de l’endomètre (< 7 mm), ce qui peut limiter les chances d’implantation embryonnaire. Lorsque ces effets deviennent limitants, une stratégie de transition est souvent envisagée : soit par un changement de molécule (ex. : Letrozole), soit par une insémination intra-utérine (IIU).
Autres effets associés
- Kystes ovariens fonctionnels (5 à 10 %), souvent accompagnés de douleurs pelviennes modérées (sensation de pesanteur). Une surveillance échographique est recommandée, surtout après plusieurs cycles ou à doses ≥ 100 mg.
- Sautes d’humeur, irritabilité, troubles du sommeil (5 à 15 %) : ces symptômes peuvent s’intensifier avec l’augmentation des doses.
- Grossesses multiples : surtout des jumeaux (≈ 5 à 10 %), en lien direct avec la stimulation multi-folliculaire.
- OHSS léger : rare (< 1 % avec Clomid seul), mais le risque augmente si l’ovulation est déclenchée par hCG.
- Troubles visuels transitoires (flashes lumineux, phosphènes) : en cas de persistance, le traitement doit être définitivement interrompu.
Pour un aperçu complet des profils féminins et indications :
Clomid pour les femmes : ovulation, SOPK, fertilité
Effets secondaires rares et situations à risque
Bien que le Clomid soit généralement bien toléré, certains effets indésirables plus rares doivent être connus, car ils peuvent nécessiter une interruption immédiate du traitement ou une surveillance accrue. Ils concernent moins de 2 à 5 % des utilisatrices, mais peuvent avoir un impact significatif.
Troubles visuels persistants : un signal d’alerte
Des phénomènes visuels tels que :
- flashes lumineux,
- phosphènes,
- impressions de taches flottantes (« floaters »),
Sont rares (≈ 1 à 2 %), mais doivent impérativement entraîner l’arrêt définitif du traitement. Ces troubles peuvent signaler une atteinte rétinienne. Un examen ophtalmologique s’impose dans les plus brefs délais.
Dysfonction hépatique et risques vasculaires
Le Clomid est contre-indiqué chez les patientes ayant une maladie hépatique active ou un antécédent de dysfonction hépatique. Un bilan hépatique est recommandé avant traitement en cas de doute.
Par ailleurs, bien que très rares (< 0,1 %), des événements thromboemboliques (TVP, embolie pulmonaire) ont été signalés, notamment chez les femmes ayant une prédisposition génétique (mutation du facteur V Leiden) ou un taux élevé d’œstrogènes sous traitement.
Hyperstimulation ovarienne (OHSS)
Le risque d’hyperstimulation ovarienne (OHSS) reste faible avec le Clomid seul (< 1 %), mais il augmente significativement :
- en cas de réponse multifolliculaire (≥ 2–3 follicules ≥ 17 mm),
- si un déclenchement de l’ovulation est réalisé par injection d’hCG.
Les signes à surveiller incluent douleurs abdominales, ascite, essoufflement, ou prise de poids rapide. Une surveillance échographique permet d’anticiper ce risque.
Kystes et douleurs pelviennes
L’apparition de kystes fonctionnels ovariens ou d’un élargissement des ovaires (ovarian enlargement pain) est observée chez 5 à 10 % des patientes, surtout à fortes doses ou après plusieurs cycles.
Ces kystes sont généralement bénins et régressent spontanément en 4 à 6 semaines, mais nécessitent une surveillance échographique régulière jusqu’à résolution.
Grossesses multiples : à surveiller de près
Le taux de grossesses gémellaires (souvent des jumeaux) est d’environ 5 à 10 % sous Clomid. Toutefois, les grossesses triples ou plus (< 1 %) comportent un risque obstétrical majeur (prématurité extrême, complications néonatales graves) et doivent être évitées par une stimulation prudente et un monitoring étroit.
Cas particuliers et contre-indications
Le Clomid est formellement contre-indiqué en cas de :
- grossesse confirmée ou suspectée,
- saignements utérins inexpliqués,
- tumeurs hypophysaires ou endocriniennes actives,
- dysfonction hépatique actuelle ou passée,
- dysfonction thyroïdienne ou surrénalienne non contrôlée.
Ces situations nécessitent un suivi rigoureux ou un arrêt du traitement selon les cas.
Effets secondaires chez l’homme
Le Clomid (Clomifène) est prescrit hors AMM chez les hommes dans le cadre de troubles de la fertilité liés à une production hormonale insuffisante mais réversible. Il stimule la sécrétion endogène de LH et FSH, ce qui permet une augmentation progressive de la testostérone et une amélioration possible de la spermatogenèse. Toutefois, cette stimulation n’est pas sans risques — surtout en cas de traitement prolongé ou mal surveillé.
Effets fréquents ou modérés
Les effets indésirables les plus souvent observés comprennent :
- Acné, augmentation de la pilosité
- Bouffées de chaleur, céphalées, fatigue
- Irritabilité, sautes d’humeur
- Gynécomastie légère (liée à l’aromatisation accrue de la testostérone)
- Augmentation de l’hématocrite, pouvant entraîner une viscosité sanguine excessive
À savoir :
Lorsque l’estradiol (E2) dépasse 150 pg/mL, les effets secondaires œstrogéniques s’intensifient. Dans ces cas, les spécialistes envisagent parfois l’ajout d’un inhibiteur de l’aromatase, comme l’anastrozole (0,5 mg 1 à 2 fois/semaine), pour maintenir un meilleur équilibre hormonal.
Concernant l’hématocrite, un seuil de 52 % est souvent mentionné, mais plusieurs centres abaissent ce seuil à 50 % chez les hommes obèses ou présentant des antécédents de thrombose.
Suivi biologique essentiel
Un suivi toutes les 6 à 8 semaines est recommandé, incluant :
- Testostérone totale et biodisponible, œstradiol
- Hématocrite / hémoglobine
- ALT / AST (fonction hépatique)
- Lipidogramme et glycémie à jeun
Une surveillance cardiaque de base (TA, IMC, historique familial) est aussi recommandée, car l’augmentation des androgènes peut exacerber des comorbidités latentes (HTA, dyslipidémie).
Risques rares ou graves
- Troubles visuels persistants (phosphènes, flashes lumineux) : arrêt immédiat du traitement
- Thrombose veineuse profonde (rare, < 0,1 %) : risque accru si antécédents familiaux ou sédentarité
- Diminution paradoxale de la libido, malgré une TT normale : souvent due à un excès d’œstradiol ou à un déséquilibre E2/TT
Quand éviter Clomid
Le traitement est inefficace en cas d’hypogonadisme primaire (FSH et LH déjà élevées), car les testicules ne répondent plus à la stimulation hormonale. Dans ce cas, une hormonothérapie substitutive est indiquée.
Pour en savoir plus : Clomid pour les hommes : fertilité et taux de testostérone
FAQ – Questions fréquentes sur la prise de Clomid
Quelle est la durée maximale du traitement ?
Clomid ne doit pas être pris plus de 6 cycles au total dans la vie reproductive, même si ces cycles ne sont pas consécutifs. Cette limite vise à minimiser le risque de complications ovariennes ou tumorales (chez la femme) et les effets indésirables prolongés (chez l’homme).
Peut-on consommer de l’alcool pendant le traitement ?
La consommation modérée n’est pas strictement contre-indiquée, mais l’alcool peut altérer le métabolisme hépatique du médicament et réduire sa tolérance. Par prudence, il est conseillé d’éviter l’alcool durant les jours de traitement actif.
Est-ce que Clomid peut être pris plusieurs fois dans la vie ?
Oui, jusqu’à 6 cycles en tout, mais pas plus. Si le traitement a échoué après 6 tentatives, il faut envisager une alternative : injection de gonadotrophines, IIU, ou FIV.
Que faire en cas d’oubli de dose ?
S’il ne s’est pas écoulé plus de 12 heures, prenez la dose oubliée dès que possible. Au-delà de ce délai, sautez la dose et reprenez le schéma habituel le lendemain. Ne doublez jamais la dose pour « compenser ».
Le traitement fonctionne-t-il immédiatement ?
Chez les femmes, l’ovulation peut se produire dès le premier cycle, mais une grossesse prend parfois plusieurs mois. Chez les hommes, les effets hormonaux apparaissent en 4 à 6 semaines, tandis que l’amélioration de la spermatogenèse peut nécessiter 3 à 6 mois.
Peut-on utiliser Clomid avec d’autres traitements ?
Oui, dans certains cas :
- Avec hCG pour déclencher l’ovulation
- Avec œstrogènes si l’endomètre est trop fin
- Avec anastrozole chez les hommes si l’estradiol est trop élevé
Toute combinaison doit être prescrite et suivie par un spécialiste.
Comment surveiller l’efficacité du traitement ?
- Chez la femme : par échographie, dosage de progestérone, suivi des symptômes d’ovulation
- Chez l’homme : par prise de sang (testostérone, œstradiol, hématocrite), spermogramme et suivi clinique